«Sa miséricorde s’étend d’âge en âge» est le thème de la troisième édition de l’événement mondial voulu par François, qui sera célébré le 23 juillet par une messe du pape sur la place Saint-Pierre. Il est lié aux JMJ de Lisbonne pour mettre en évidence le dialogue avec les jeunes. La Journée est l’occasion de réfléchir avec et pour les personnes âgées.
Entretien avec Gleison De Paula Souza, secrétaire du dicastère pour les Laïcs, la famille et la vie.
Entretien réalisé par Salvatore Cernuzio – Cité du Vatican
Gleison De Paula Souza est depuis le mois de novembre dernier secrétaire du dicastère pour les Laïcs, la famille et la vie. Il revient sur le thème de cette troisième Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées.
Quelle est la signification de ce thème ?
Le thème a été choisi en accord avec celui des Journées mondiales de la Jeunesse de Lisbonne: «Marie se leva et partit en hâte», tiré de l’Évangile de Luc. Le petit fragment de «sa miséricorde s’étend d’âge en âge» est également tiré de l’Évangile de Luc et constitue la fin de la première partie du Magnificat, lorsque Marie, immédiatement après l’annonce de l’Ange, va à la rencontre de sa cousine Élisabeth, qui est âgée. Il s’agit donc d’un thème qui souligne l’importance du dialogue entre les générations, fondamental pour percevoir et contempler l’action miséricordieuse de Dieu en faveur des êtres humains. En effet, le dialogue entre les personnes âgées et les jeunes permet d’avoir une vision plus complète de la manière dont on peut construire une société plus humaine et plus fraternelle.
Vous avez évoqué les JMJ de Lisbonne. Comment la Journée des grands-parents s’articule-t-elle avec l’événement qui réunira au Portugal des jeunes des cinq continents ?
En effet, il s’agit d’événements proches l’un de l’autre: la Journée mondiale des grands-parents sera célébrée le 23 juillet et la Journée de la jeunesse le 1er août. Mais il ne s’agit pas d’un simple lien calendaire…. Je me suis renseigné et on m’a dit que le Pape François avait parlé publiquement pour la première fois des personnes âgées lors des JMJ de Rio en 2013, soulignant la nécessité d’une relation entre les personnes âgées et les jeunes, où les premières transmettent la sagesse et l’expérience de la vie, et les seconds la force et l’espoir pour l’avenir. Le lien entre les deux événements découle donc de cette prise de conscience: les jeunes et les personnes âgées ont besoin les uns des autres.
Pour en revenir à la Journée des grands-parents, le Pape a voulu l’instituer pour promouvoir une catégorie souvent écartée, marginalisée, fragilisée. Comment cette initiative a-t-elle favorisé l’action et l’attention envers les personnes âgées ?
Le Pape a toujours eu cette question à cœur. Dès le début de son pontificat, il a insisté sur la nécessité de dépasser la « culture du déchet » et de s’engager dans une culture de la relation. Aujourd’hui, nous savons tous que nous vivons dans une société où les personnes âgées ne sont pas au centre. La réflexion du Saint-Père nous incite à nous poser des questions intérieures: «Que faisons-nous pour les personnes âgées ? Comment nous occupons-nous d’elles ? Nos personnes âgées se sentent-elles seules ? Ont-elles vraiment de la dignité ?» Ici, nous devons mettre la personne âgée au centre et apprendre d’elle, avoir le désir de penser à elle et de savoir comment elle va. Voilà, à mon avis, quelques-uns des fruits que la réflexion du Pape a stimulés en chacun de nous. La Journée sert également à faire naître dans nos cœurs le désir de réfléchir et de chercher des solutions pour donner une plus grande dignité à nos grands-parents.
De quelle manière concrète peut-on apporter la dignité ? Les chroniques relatent des cas de personnes âgées abandonnées avant et même après la mort, de solitude… Ce jeudi encore, le Pape a dénoncé l’exclusion des soins médicaux. Alors comment traduire concrètement, même au niveau pastoral et diocésain, l’invitation du Pape à mettre les personnes âgées au centre ?
Malheureusement, toutes les personnes et toutes les institutions ne sont pas attentives à la situation des « grands-parents ». Malheureusement… C’est pourquoi le Pape François a mis en évidence le fléau de la «culture du déchet». En ce moment, l’Église a donc le devoir d’accompagner pastoralement, d’être proche et d’apporter le soutien nécessaire à tant de personnes âgées. Le Saint-Père insiste et invite tous les diocèses à organiser concrètement la pastorale des personnes âgées, dont elles sont les protagonistes. Le point de départ est que chaque diocèse, chaque paroisse et chaque communauté ecclésiale puisse célébrer la Journée des grands-parents, ce qui en fait le moment idéal pour remercier les grands-parents pour tout ce qu’ils ont fait et font encore pour l’Église et la société. C’est aussi une excellente occasion d’entamer une réflexion pastorale sur eux, pour eux et avec eux. La question des personnes âgées n’est pas seulement l’affaire de l’Église, les personnes âgées ont aussi besoin d’un soutien politique.
En tant que dicastère, quelle proposition et quelle demande faites-vous aux institutions pour obtenir quelque chose de concret ?
Nous parlons, oui, en tant que dicastère, mais c’est le Saint-Père lui-même qui a dit à plusieurs reprises dans ses discours qu’il était nécessaire de créer des politiques publiques en faveur des personnes âgées. Les demandes concernent une pension qui peut être améliorée, l’accès à des médicaments gratuits ou moins chers, un soutien physique, des moments de convivialité. Bref, il y a beaucoup de moyens à mettre en place pour redonner de la dignité aux personnes âgées. La tâche de notre dicastère est de demander à toutes les Églises et institutions d’avoir cette attention pour les personnes âgées, d’être proches d’elles, de se battre pour elles aussi.